N°138

Culture

Les témoins du temps & Autres traces *

par Salah Oudahar

Rabah Oudahar
Arthur Rimbaud
Frantz Fanon

Rabah, mon fils, a 17 ans. « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans »,
écrivait Rimbaud...
Rabah, c’est aussi le prénom de son oncle.
Mon frère.
Mon frère, Rabah.
Qui a pris le chemin de la liberté, le maquis, à 17 ans.
Puis, capturé, torturé, exécuté. En décembre 1961.
« On n’est pas sérieux quand on a 17 ans ».
Et pourtant...
Rabah, mon fils, porte un deuxième prénom : Frantz.
En hommage à Frantz Fanon.
Ce grand esprit.
Cette clarté, cette belle clarté, cette immense passion, cette passion brûlante de la justice, de la liberté qui venait des Antilles.
Les Antilles.
Pour offrir son cœur, son intelligence, sa vie aux damnés de la terre.
Au monde.
À l’Algérie.
L’Algérie.
Pas celle de la réalité sordide qu’elle est devenue aujourd’hui.
Celle qui nous a niés et reniés, tués, chassés, exilés.
Mais celle dont nous avons rêvée, celle que d’autres avant nous, ceux qui nous ont précédés, ont rêvé.
Ceux qui ont fait le terrible, l’inaccessible choix de mourir.
Pour vivre.
Pour rendre possible le rêve de vivre.
Dans une Algérie fraternelle, libre, juste, universelle.
Rêve à la dimension des rêves des hommes et des femmes de l’Algérie.
Mais cependant au-dessus et bien au-delà de l’horizon humain des hommes
et des femmes d’Algérie.

Fragile et surprenante beauté des rêves humains !