N°132

Le roman comme atelier

Lise Gauvin, ed. Kartala 2019

par Bruno GUICHARD

La scène de l’écriture dans les romans francophones contemporains

« Le Français est beaucoup plus
qu’une langue, il est un lieu d’échanges
et de rencontres »

Jean-Marie Le Clézio

« La langue française n’est pas
la langue française : elle est plus
ou moins toutes les langues internes
et externes qui la défont »

Abdelkébir Khatibi

18l le roman comme atelier
18l le roman comme atelier

Lise Gauvin est écrivaine, essayiste et critique littéraire québécoise. Elle est professeure émérite au Département des littératures de langue française de l’Université de Montréal. Avec Le roman comme atelier elle poursuit ses réflexions sur les rapports entre la langue et la littérature tout en expliquant que les écrivains francophones sont « à la croisée des langues…ce qui engendre chez eux une sensibilité plus grande à la problématique des langues, soit une surconscience linguistique qui fait de la langue un lieu de réflexion privilégié, un espace de fiction voire de friction ». Son livre est le prolongement de L’écrivain francophone à la croisée des langues (2006), Langagement : l’écrivain et la langue au Québec (2000), La fabrique de la langue : de François Rabelais à Réjean Ducharme (2010), Écrire, pour qui ? : l’écrivain francophone et ses publics (2007), Glissant L’imaginaire des langues entretiens avec Lise Gauvin (2009) et D’un monde l’autre : tracées des littératures francophones (2013).

Avec Le roman comme atelier Lise Gauvin nous propose de parcourir les œuvres de Patrick Chamoiseau, Assia Djebar, Réjean Ducharme, Maryse Condé, Alain Mabanckou, France Daigle, Dany Laferrière et Marie Claire Blais. Le dernier chapitre est une interview inédite de Patrick Chamoiseau sur le thème : qu’est-ce que la littérature ? et de nous livrer ainsi : « Je crois au pouvoir de la littérature, c’est vrai, mais j’essaie de ne pas sacraliser la littérature. Je crois que la puissance de la littérature se fait en dehors de toute sacralisation ; il faut y croire mais pas la sacraliser ».
Avec ce livre nous nous frottons à toutes les langues du monde et à la relation entre plusieurs langues qui interagissent en se frottant, générant une dynamique de création inattendue. Dans sa conclusion, Lise Gauvin considère que : « Penser le monde pour les romanciers francophones contemporains, c’est aussi penser le roman et le mettre en relation avec les formes adaptées pour le réfléchir ». Mais n’oublions pas que les écrivains sont écrivains avant d’être francophones. Si la littérature contemporaine ne peut être qu’une littérature des littératures comme le pense Patrick Chamoiseau, alors nous devons penser aussi une littérature-monde frottant la francophonie au Tout-monde.

Bruno GUICHARD