N°132

Palerme ville ouverte

Jean Duflot, Ed. A plus d’un titre, 2019

par Bruno GUICHARD
15 Palerme
15 Palerme

En 2015 le maire de Palerme Leo Luca Orlando élabore la Charte de Palerme (à lire dans le livre) sous-titrée « de la migration comme souffrance à la mobilité comme droit inaliénable de l’homme ». Jean Duflot (journaliste et écrivain) est parti pour Palerme explorer un territoire ou dit-il : « se met en place une alternative à la liturgie sacrificielle de l’Europe. Dans les dédales de cette ville portuaire, ce n’est pas seulement de l’étendue de la perte humaine actuelle dont on prend conscience, c’est aussi celle de notre propre humanité »

Le choix d’accueillir et de reconnaître le droit à la mobilité est aussi pour le Maire de Palerme la suite de ses engagements contre la mafia (il est condamné à mort par cette dernière). Quatre fois réelu à la tête de la municipalité (plus de 70% lors des dernières élections en 2016), dans une interview à Jean Duflot il déclare : « ma vraie protection vient des habitants, des palermitains et des siciliens, qui ont voté pour moi au Parlement et à la municipalité depuis quatre mandats, ils ont voté pour un adversaire de l’intolérance et du racisme ».

Contruisant résolument, avec les habitants de la ville et les associations, l’accueil des migrants il précise : « Pour ma part je suis contre ces demi-mesures humanitaires, comme je suis radicalement opposé à l’approche sécuritaire de l’immigration. Il faudrait approfondir tout ce qui se trame comme manœuvres intéressées derrière cette gestion chaotique des flux d’immigrants : la peur, l’égoïsme, les stratégies économiques inavouables, leurrées par l’indignation vertueuse et le saupoudrage ciblé des aides ». Jean Duflot donne la parole à toutes celles et tous ceux qui construisent l’accueil, de la formation professionnelle au logement en passant par l’emploi. Les palermitains dessinent l’Hospitalité mode d’emploi ! Chaque page de ce livre est un plaidoyer contre la politique de Matteo Salvini.

En conclusion, dans le chapitre « zones indécises », Jean Duflot demeure l’homme libre qu’il a toujours été, il questionne l’avenir, décrivant les enjeux et donc les affrontements auxquels nous sommes tous confrontés, dans lesquels nous avons tous une responsabilité... personne ne pourra dire, cette phrase de triste mémoire, « je ne savais pas...! »

Bruno GUICHARD