
Vendredi 8 mars 2019 – date ô combien symbolique – la chanteuse Sandra Nkaké a envoûté le public de La Source (à Fontaine près de Grenoble) de sa voix profonde, mêlant soul plaintive, énergie rock, ballades poétiques, fulgurances groove et colère rap… Un univers polyphonique nourri de pratiques interculturelles.
Cette artiste franco-camerounaise chante, déclame, susurre, (en français ou en anglais), la condition féminine, le passage des frontières entre les mondes et les genres ou encore la recherche d’une paix universelle... Sous la bienveillante protection d’une lune rousse.
Son engagement scénique (qui s’exprime aussi à travers le souffle et la danse) est sublimé par l’implication de chaque musicien : Jî Drû à la flûte, Tatiana Paris à la guitare, Kenny Ruby à la basse et Thibaut Brandalise à la batterie.
Lors des rappels elle s’est livrée à une joute verbale avec un spectateur mâle un peu taquin : - « c’est ta journée, lâche-toi » ! Sandra de lui répondre : - « Fais pas le malin. Je t’ai à l’œil ! C’est tous les jours qu’il faut se battre dans un monde binaire qui range les un(e)s et les autres dans deux catégories étanches, à travers l’attribution des chiffres 1 ou 2 dans le numéro de la Sécurité sociale… et impose, dès la naissance, une hiérarchie explicite : en tête, le masculin, en éternel second, le féminin ».
La grande dame volubile achève son concert par cette petite chansonnette chuchotée : « Soyons fous / Soyons loups / Quoi qu’ils disent / Quoi qu’ils disent / Quoi qu’ils disent… », puis quitte la scène à pas feutrés en lançant un dernier regard complice à la lune rousse.
Philippe Hanus