
Les Cahiers de Rhizome N°67, Avril 2018
Supporter le travail ?
Dans les métiers de la relation (professions de la psychiatrie, de l’intervention sociale, des services d’urgence...), plusieurs signes alarment sur un malaise professionnel et ses conséquences sur les personnes destinataires des interventions. Malaise organisationnel dans un contexte de compétition généralisée, d’idéologie managériale, etc. Mais surtout peut-être malaise de perte de sens des missions chez des professionnels à qui on demande, d’une part, une chose et son contraire et qui se trouvent, d’autre part, exposés à l’isolement et aux incertitudes sans réel soutien collectif (l’institution apparaît de moins en moins soutenante pour de nombreux intervenants)… Alors faut-il sauver le travail ?...

Étoiles d’encre 73-74, 2018
Au cœur de l’errance
Ce beau hors-série de la revue étoiles d’encre est aussi beau par son geste : reverser le produit des ventes à SOS Méditerranée. Plus d’une cinquantaine d’écrivain.e.s et poètes connu.e.s, d’Europe et d’Afrique, et une
dizaine d’artistes ont collaboré à ce projet. En aligner les titres constitue en soi un poème qui bat l’errance : Oser des colères / Des vies égales / Les migrants ces héros / Toi / Eux/Nous / J’atteste / On part / Il y a une pirogue qui m’attend… Au cœur de l’errance, il y a « un Droit poétique » (P. Chamoiseau) qui interpelle
le droit politique : devons-nous accepter sans crier de voir se transformer la Méditerranée en « gouffre »
comme jadis l’océan ?
Une question de responsabilité bien réelle.

Littérature – action
N° 1, janvier-avril 2018
Création-Monde
« Le A des recommencements alphabétiques... ». Ainsi s’annonce la nouvelle revue transculturelle de création, de lectures, de regards. Algérie Littérature Action est devenue « A ». Un alpha qui ouvre sur Ailleurs, tous les ailleurs des imaginaires créatifs qui « re-poétisent le monde »... Une belle idée bien incarnée par ce premier numéro qui s’ouvre sur un entretien avec l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau suivi d’un autre avec le poète Jean-Pierre Siméon. Et mélange ensuite poèmes (beaucoup d’inédits), regards artistiques (peinture, notamment Jean Gachet), théâtre (Didier Valadeau), lectures, études, etc. « A » tient sa promesse : « Subvertir les mots et les images ; les métisser, les partager… Surtout, transfuser les imaginaires... »

Les cahiers de la LCD
Lutte Contre les Discriminations
Hors-série N° 1, 2018
Droits culturels et lutte contre les discriminations
Les droits culturels désignent les droits et libertés pour une personne, seule ou en commun, de choisir et d’exprimer son identité et d’accéder aux références culturelles comme autant de ressources qui sont nécessaires à son processus d’identification, de communication et de création. » (Meyer-Bich P., Bidaut M.). Ces droits culturels, qui sont des « capacités de capacités », sont sans doute les plus mal connus et les plus mal reconnus parmi les droits et, en même temps, au cœur même ou à l’intersection de différents types de discriminations. En cela, il y va de la « dignité humaine », de notre capacité de « toucher » et d’être « touché », autrement dit de faire Relation… Ce numéro, comme les autres des Cahiers LCD, nous fait « toucher » justement et de façon juste ce que sont les véritables enjeux de toute forme de discrimination : la capacité de jouir de sa dignité comme garantie de son pouvoir d’action.

Études tsiganes
N° 61-62, 2018
Les Gens du voyage en France
Premier d’une trilogie consacrée aux Gens du voyage de France, ce numéro croise apports de chercheurs, de praticiens sur le terrain social et des personnes concernées. Il porte sur la diversité des Gens du voyage en tant que population spécifique par son histoire, son statut administratif et son ancrage territorial, mais aussi marquée partout par une stigmatisation et une marginalisation. Il aborde également la question de l’habitat mobile et de son accueil problématique dans les départements et les communes. Enfin une étude ethnographique de la vie quotidienne des Gens du voyage et, en complément, les premières pages d’un ouvrage l’écrivaine manouche Nerina Reinhardt.

Hommes & migrations
N° 1321, avril-mai-juin, 2018
Les mots de l’exil
dans l’Europe
du XIXe siècle,
Le XIXe siècle européen connaît « le début du recours massif des États à l’expulsion des opposants politiques hors du territoire national », autrement dit le début de l’exil politique. Ce dossier suit les politiques migratoires mises en place face à cet exil et l’évolution du « vocabulaire profus sur l’exil ainsi que l’émergence de représentations contrastées autour de la figure du proscrit et du réfugié ». Un numéro qui peut aider à comprendre les enjeux des débats actuels sur la dite « crise des migrants ». Les manières de nommer, donc de catégoriser engagent des politiques de classification institutionnelle, médiatique, etc. Un repérage inquiétant dans ce dossier comparatif entre différents pays de l’Europe : la figure de l’exilé « honorable »
évolue-t-elle vers celle d’un « criminel potentiel » ?

Migrations Société
N°171, janviers-mars 2018
« Politiques d’irrégularisation »
Alors que les États ont reconnu les bienfaits de la migration sur le développement humain (Nations unies, 2015), la plupart (des pays d’immigration) adoptent des politiques migratoires de plus en plus restrictives ou des « politiques d’irrégularisation » en durcissant les conditions d’accueil et d’accès au séjour. Durcissement qui crée « l’illégalité » des migrants. Ce dossier identifient les mécanismes des irrégularisations élaborés par les Etats et met en exergue leurs effets sur les composantes du développement humain.

REMI
Revue Européenne des Migrations Internationales
Vol 33, n° 2 & 3, 2017
Dire la violence des frontières. Mises en mots de la migration vers l’Europe.
Une nouvelle couverture, moins austère, avec photo, pour ce volume qui aborde une question bien terrible et brutale : la violence des frontières ! Violence physique, politique, institutionnelle, verbale qui fait le quotidien du « voyage » des migrants du « sud ». Une violence qui en dit long sur les rapports entre l’Europe et les autres régions du monde. Ses frontières sont devenues « meurtrières »… Comment est mise en mots cette violence par les différents acteurs concernés ? Les différents cadres d’interprétations de cette violence (politique, journalistique, militant et des migrants eux-mêmes) mobilisent des « modes de légitimation distincts » et « témoignent de la conflictualité et des inégalités du et dans le rapport aux frontières ». Aborder « l’objet frontière » comme objet de langages, c’est « considérer les pratiques langagières comme partie intégrante des pratiques migratoires ».