N°128

Hommages

Jean Philippe MOTTE

un citoyen-militant d’une grande humanité

par Paul BRON

Jean Philippe MOTTE, disparu en Janvier 2017, était un homme politique plein d’humanité, rare et précieux comme on en rencontre peu. Créateur et figure morale du mouvement citoyen GO Citoyenneté, qu’il a fondé en 1993 avec d’autres militants, il a marqué la vie politique grenobloise par sa droiture, son intégrité et son sens de l’intérêt général.
Sociologue de formation, il est arrivé à Grenoble en 1970 pour prendre un poste à l’agence d’urbanisme, cinq ans après l’élection de la municipalité d’Hubert Dubedout. Cette expérience politique l’avait fait choisir cette ville plutôt que Strasbourg. Très engagé dans la vie associative et particulièrement dans la défense des migrants, il a été un militant fidèle et actif dans de nombreuses associations de soutien aux immigrés et, plus récemment, de Migrants en Isère, en s’investissant dans l’organisation des « Assises de la migration » le 3 Décembre 2016 à la MC2.

Ce qui est important aujourd’hui c’est de voir à quel point son itinéraire professionnel et militant va se retrouver dans son engagement politique et dans les fonctions qu’il occupera tant à la mairie de Grenoble qu’à la Metro, ensuite dans son retour à la vie civile après 2012.
Adjoint en charge de la politique de la ville et du logement entre 1995 et 2011, vice président du CCAS de 1997 à 2001 et vice président de la Métro de 2008 à 2014.
Fidèle à ses idées, je me souviens quand, en 2008, nous lui avions demandé d’être le chef de file d’une liste GO aux municipales, il avait refusé pour respecter le principe de non cumul qui était notre marque de fabrique. Nous l’avions poussé à un 3emandat, et il avait accepté à la condition de se retirer à mi-parcours, ce qu’il fit. C’était remarquable et tellement rare pour un homme politique qu’il faut le reconnaître et l’apprécier.
Habitant du quartier populaire de la Villeneuve, mais persuadé qu’il fallait s’émanciper de la dimension locale, il s’est battu pour que l’intercommunalité devienne une culture commune, ainsi que pour la création de la Métropole grenobloise.

On le savait profondément chrétien mais il n’exprimait jamais explicitement sa foi dans les réunions politiques. D’une grande rigueur intellectuelle, Jean Philippe MOTTE était une belle personne forte d’une grande humanité et d’un sens de l’écoute qui ont marqué tous ses partenaires. Jean-Philippe était « un homme bien » et tout le monde en convenait.

Un de ses amis citera cette phrase qu’il a prononcée en souvenir de Charles Fourrey, mais qui le décrit lui même parfaitement : « Avec discrétion, mesure et fermeté, en compagnie d’autres citoyens, il traçait un chemin pour une ville habitable, conviviale et hospitalière ». Cependant, j’aimais bien également quand il s’emportait sur un sujet, déçu et frustré de constater l’immobilisme et le manque de courage qui l’entourait. C’était vivant, ardent, rempli d’une exaspération fertile qui emportait l’adhésion.

Aujourd’hui nous sommes tous orphelins. Orphelins d’un homme debout et digne, et orphelins d’une certaine façon de faire de la politique : respectueuse, honnête, bienveillante et qui savait prendre ses responsabilités, quitte à déranger l’ordre établi.

Paul Bron