N°135

revue des revues

Revue des revues

La Revue des revues
N° 64, 2020

femmes en revues

Longtemps, la galaxie des revues s’est nouée comme un « inexorable défilé de cravates et autres accessoires masculins » écrit l’expert André Chabin dans l’édito de ce numéro exceptionnel, les femmes, « muses mécènes » ou « petites mains », œuvrant dans l’ombre. Mais « les temps ont changé » ou « ont été changés par les femmes elles-mêmes » dans leurs luttes : « il n’est désormais plus rare qu’une femme dirige une revue ». On lira avec bonheur les mots des femmes revuistes qui composent ce numéro, leurs aventures créatrices et les arcanes de leurs esthétiques, une fluorescence de poétique-politique des engagements. C’est La Revue (toute revue) qui s’en trouve rehaussée à la dignité de sa besogne : explorer tous les registres du singulier-pluriel de l’humain, hors toute hiérarchie de pouvoir, sexiste ou autre.

֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎

REMI
Revue Européenne des Migrations Internationales

Asia Pacific Migration, Vol. 35, n° 1 & 2, 2019
Danses, musiques et (trans)nationalismes, Vol. 35, n° 3 & 4, 2019


Deux volumes et quatre numéros pour la même année, denses en réflexions et en références. Le premier volume comble une lacune en faisant le point sur les migrations transfrontalières en Asie-Pacifique, une migration « multidirectionnelle et complexe » en termes de catégories de déterminants et de résultats, également sur l’évolution de son « espace de médiation » et la protection par le HCR de ses réfugiés. Des réalités régionales y sont abordées (migrations asiatiques en Australie, États insulaires du Pacifique). Mais également d’autres réalités sociales et économiques migratoires ou des mobilités artistiques (du Sénégal aux États-Unis, du Portugal en France, etc.).
Le deuxième volume introduit à une « anthropologie des performances musico-chorégraphiques en contexte transnational ». On y apprend que leurs « labellisations nationales sont en réalité le produit de constructions historiques complexes, à la croisée de politiques étatiques, de migrations de populations, et d’imbrications d’appartenances multiples ». Autrement dit, le nationalisme se construit en débord de l’idée classique d’un territoire et d’un État-nation. Ses ramifications « se tissent dans le transnational » et des « loyautés plus larges. Les contributions dans ce numéro « traitent des articulations et imbrications parfois paradoxales, mais souvent complémentaires, entre nationalismes et transnationalismes survenant sous l’effet de circulations de genres musico-chorégraphiques ». Très édifiant.

֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎

MIGRATIONS SOCIÉTÉ
Vol. 32, n° 180, avril-juin 2020

Étudiants étrangers : des migrants comme les autres ?
Le dossier de ce numéro croisant approches, théories et méthodologies variées « a pour objectif de montrer comment et jusqu’à quel point les migrations pour études peuvent générer, ou non, une mobilité sociale et, à un autre niveau, reproduire ou engendrer de nouvelles inégalités pendant, mais aussi après les études ». Y sont interrogées les inégalités liées à la globalisation. Signalons également l’éditorial de Vincent Geisser intitulé L’hygiéno-nationalisme, remède miracle à la pandémie ? Populismes, racismes et complotismes autour du Covid-19.

֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎

hommes & migrations
N° 1331, octobde-décembre 2020

Femmes engagées
Une double entrée au croisement des migrations et de l’engagement des femmes. Un point nourri par les recherches actuelles sur cet engagement : des « femmes et l’islam » à la « mobilisation des femmes mexicaines à Paris » en passant par les « concierges d’origine portugaise » et « la lutte contre les mutilations sexuelles en France ». Et un portfolio Les femmes dans les collections du Musée, photos commentées par des personnalités féminines (écrivaines, journalistes…). « Les femmes immigrées sont en marche pour leur dignité et leur implication dans les sociétés contemporaines ».

֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎

SAKAMO
N° 28, 2019

Vous avez dit radicalisé ?

Un dossier pédagogique fort éclairant qui fait le point dans cette nébuleuse de mots (radicalisation, islamisme, terrorisme, … mais aussi laïcité, « universalisme français »...), qui emporte actuellement bien des discours dans des confusions (ou des manipulations). Il rappelle une réalité première liée à une histoire et à une société qui a du « mal à modifier le regard qu’elle porte sur l’altérité » et à aborder les véritables processus qui mènent à la radicalisation : l’exclusion et les discriminations sociales. Et cette vérité : « dans les banlieues populaires, l’adhésion à l’islam revêt un sens dépassant sa dimension strictement religieuse ».

֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎

Revue PROJET
N°377 août-septembre 2020

Migrants, dépasser la catégorie
Un numéro particulièrement appréciable car il nous oblige à une réflexion sur la question de la catégorisation. Migrant, réfugié, étranger, demandeur d’asile, exilé, sans-papiers, expatrié... Les catégories servent à accorder des droits aux personnes ou à les limiter, voire à les refuser. Mais celles-ci sont de plus en plus en décalage par rapport aux réalités des personnes. Ce numéro de la revue Projet dénonce les erreurs et les dénis de justice liés au jeu des catégories. Mais il montre aussi qu’une marge de liberté est ouverte à celles et ceux qui s’en affranchissent… En fait l’enjeu est bien celui de dépasser les catégories, pour améliorer le droit des personnes migrantes.

֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎֎

Bruno Boëglin
Une vie dans le désordre des esprits

Ouvrage collectif, 2020
Éditions A plus d’un titre

L’association des amis de Bruno Boëglin (metteur en scène, auteur, peintre, photographe…) a réalisé cet ouvrage à l’occasion de l’exposition « Bruno Boëglin, une vie dans le désordre des esprits ». Il offre « des « mélanges » (écrits, photographies, peintures) voués à récapituler avec affection les étapes de son œuvre, pour ainsi dire et de son existence, l’une et l’autre inscrites dans la singularité qui fait son charme ». Un « outsider » qui « considère sa vie sous l’angle d’un acte poétique majeur ». Les titres regroupant les hommages rendus disent cet acte : « L’inconfort », « Détournements », « Insoumission, marginalité », « la violence du regard », Les bonheurs de la fuite »… bonheur du voyage dans les mots et les images.