Parents, enfants, école
approches transculturelles
Jacques Barou
Éditions érès-L’école des parents, 2020.
Des « approches transculturelles », encore faut-il s’entendre sur ce qu’ est la notion de culture, « l’une des plus difficiles à définir qui soit » en ces temps où la dissémination, à la fois virtuelle et réelle, des cultures déborde toute limite ou frontière culturelle. Jacques Barou, en anthropologue averti coupe court et retient celle de l’UNESCO qui correspond sans doute le mieux aux temps actuels (qui plus est non seulement claire mais légitimée) : « La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social ». Le distinctif est le mot le plus important, car il opère toujours malgré, ou peut-être au cœur de leurs mouvements, les disséminations culturelles. D’où l’approche transculturelle.
Dans ce cadre, comment penser l’une des dimensions les plus originaires et les plus fondamentales de toute culture : l’éducation, c’est-à-dire la transmission. Et aussi la plus problématique dans des situations transculturelles !... La question n’est certes pas nouvelle, aussi bien en intra-culturel (les évolutions internes de toute culture y confrontent) qu’en trans-culturel (les rencontres culturelles et leurs heurts y confrontent également). Or, « Aujourd’hui, en dehors des populations isolées, de plus en plus rares avec la globalisation des échanges, un individu appartient simultanément à plusieurs cultures », en tout cas toujours à la culture familiale d’un côté et à la culture institutionnelle de l’autre (et aussi à la culture techno-informationnelle, dimension qui déborde souvent les deux milieux).
Les mouvements migratoires massifs, liés à l’un des opérateurs les plus importants de la transformation des cultures (l’industrialisation et ses conséquences en termes de mobilités) comme à la formation des formes transculturelles ont imposé partout, précocement ou tardivement, ces questions sur la table d’ouvrage de l’éducation/instruction, terrain de jeu complémentaire ou en opposition des deux où les trois acteurs concernés : « parents, enfants, école », sont dans des rapports de forces qui, là encore, non seulement débordent les uns et les autres, mais font « intrusion », parfois violente, les uns dans les sphères des autres. C’est toute l’aporie qui, de fait, dépasse les acteurs concernés eux-mêmes (et, conséquemment, rend parfois inefficaces leurs actions). D’où l’intérêt d’une approche transculturelle, transversale et dynamique, qui peut « aider les professionnels […] à dépasser les incompréhensions et à éviter d’entrer dans la logique du malentendu, qui caractérise trop souvent les actions menées auprès de ces usagers dont on a parfois du mal à interpréter les besoins et les attentes ». En socio-anthropologue, J. Barou y propose une lecture de sujets liés à l’éducation depuis la petite enfance jusqu’à la vieillesse en mobilisant des concepts issus de l’histoire des mentalités, de l’anthropologie de la parenté ou de la religion et de la sociologie de l’immigration, outils d’analyse qui peuvent aider à rapprocher l’école de la famille sans empiéter sur les prérogatives de l’une ou de l’autre.